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« Il n'existe pas une beauté et mille laideurs »



Une salle Georges-Sadoul comble et un parterre d'élus ont accueilli Georges Vigarello, historien émérite et président de la 32e édition du Festival International de Géographie. Ce dernier est revenu durant une heure avec le journaliste Jean Lebrun sur le thème de la beauté. Pour raconter son évolution à travers les âges. Des transformations liées mais en même temps dissonantes, que l'on soit un homme ou une femme.

 

En prélude du grand entretien inaugural du 32e Festival, David Valence, maire de Saint-Dié-des-Vosges, s’est félicité "des efforts d'une ville pour la culture, d'une ville qui a fait le choix de l'ouverture au monde, de l'émancipation par la culture." Tout en rappelant les liens qui unissent le monde de la géographie à la ville hôte du festival depuis 31 éditions. "Nous avons la confiance des géographes qui avaient besoin de ce point de rencontre pour illustrer cette géographie à la française, une géographie humaine et pas que physique."

Une beauté loin d'être ancrée dans les marbres

Pour honorer le thème du corps, le président d'honneur de cette édition, Georges Vigarello, a pu livrer pendant une heure l'évolution de la beauté avec Jean Lebrun. Et contrairement à l'adage, "il n'existe pas une beauté et mille laideurs." Pour l'historien, "si certains critères restent, comme la jeunesse ou la taille, les critères de beauté aussi changent. Il n'y a rien de plus symbolique de cela que l'évolution de la robe. »

Pour autant, la beauté a toujours été une question de sexe, pour Georges Vigarello. La femme a longtemps été cantonnée à ce rôle de "la femme fleur, celle qui reste, celle qui est immobile, celle qui subit. À cette époque la femme est décor". Le chercheur pointe les tenues des femmes qui montrent parfaitement leur émancipation. "La victoire de la femme, c'est quand leurs bas ont commencé à dessiner leurs formes. La victoire de la femme, c'est la mobilité."

La virilité en 2021 ?

Mais l'évolution des critères physiques de la beauté féminine s'est faite en corrélation de la transformation de la virilité masculine. C'est un point que le président d'honneur du festival a tenu à mettre en exergue "alors qu'il est souvent oublié." En effet, si la virilité médiévale était celle de la force et de l'affrontement, l'auteur décrit comment celle-ci a évolué à la Renaissance pour gagner en subtilité. L'escrime s'étant imposée comme l'art de la tromperie. "L'image de la virilité ne cède pas mais évolue, et ses repères aussi", détaille le chercheur. Ces repères ont continué à évoluer jusqu'à atteindre le stade d'aujourd'hui, "celui de la virilité émue." Cette évolution est au croisement de deux phénomènes, l'affirmation de l'autonomie féminine et celle de la sensibilité masculine." Comme le rappelle l'historien, "aujourd'hui il est tout à fait normal que l'homme assiste à l'accouchement et qu'il s'occupe de son enfant."