TWEET murene

« Essayer de vivre, pas seulement de ne pas être mort »



Le handicap traité par la littérature et le sport. C’est ce que la rencontre avec Théo Curin et Valentine Goby a permis d’approfondir et de comprendre. Le premier, nageur olympique, champion du monde multimédaillé et égérie de Biotherme, a été amputé de ses quatre membres à l’âge de six ans. La seconde, auteur de treize romans dont l’Anguille, prend à cœur la description de la vie de personnes en situation de handicap et illustre leur force hors norme.

Grandir avec les blessures que la vie peut infliger. Il ne s’agit pas de rester vivant mais d’être une personne entière, sans manque. Pourtant, le regard des autres peut être parfois ce qu’il y a de plus handicapant. Comme Théo l’explique, lors de son retour en classe de CE1, il avait peur du jugement. Mais rapidement, il a su faire de son handicap une force. « Cela peut paraître bateau, mais c’est vrai ». Valentine ajoute que « reconnaître la différence ne veut pas dire s’en moquer. C’est magnifique, la différence ».

Mais ce qui l’a surtout aidé à sortir de cette honte face à son corps fut sa rencontre avec Philippe Croizon, nageur handisport. « Il est arrivé chez moi, avec une voiture et je me suis dit « Whoua, je pourrai en avoir une plus tard aussi » et quand j’ai vu une femme descendre à ses côtés, je me suis dit… ». Cela provoque les rires de l’assemblée. C’est de là qu’il a eu l’idée de la natation. « C’est un sport où l’on se déplace comme les autres, sans prothèse ». La compétition n’a été qu’une continuité de ce dépassement de soi.

En situation de handicap plutôt qu’handicapé

Les personnes amputées ou paralysées n’aiment pas être considérées comme handicapées. Elles accomplissent d’elles-mêmes la plupart des choses dont une personne en pleine possession de son corps est capable. « A part fermer le bouton d’une chemise, je sais quasiment tout faire », soutient Théo. Cela implique aussi de la créativité pour devenir plus performant dans la vie quotidienne ou dans le sport. « La roulette à pizza a changé pas mal de choses dans ma vie ». Il est important de nous remettre en question, devant nos faiblesses qui constituent aussi un handicap : « J’ai le vertige et cela constitue un handicap dans certaine situation », confirme Valentine.

Théo continue à se dépasser. Son prochain défi collectif : la traversée du lac Titicaca en Amérique du Sud. 3 800 mètres d’altitude synonyme d’hypoxie. 122 kilomètres en une dizaine de jours. Un radeau de 500 kilos à tracter à trois. Un rendez-vous à ne pas louper sur les réseaux sociaux. @defititicaca !