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Michel Bussi : peut-on séparer le romancier du géographe ?

Président de la 31ème édition du FIG, Michel Bussi est aujourd’hui un écrivain de renom. Derrière la plume à succès se cache pourtant un universitaire et un géographe passionné. Au sein de la belle cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges, il revient sur son parcours, intimement lié à la géographie, à l’occasion du Grand Entretien qui lui est consacré.

Du professeur dévoué au romancier « autocensuré »

Michel Bussi naît en 1965 à Louviers. Enfant, il est attiré par l’écriture, mais en fait un «rêve très lointain» qu’il se force à abandonner. Rapidement, le jeune Normand se prend de passion pour les Lettres Modernes, mais aussi pour la géographie, une discipline à laquelle il se consacre finalement. Devenu professeur à l’Université de Rouen, il écrit un premier roman après sa thèse, qui sera refusé par les maisons d’édition, ainsi que quelques nouvelles et scénarios. Il lui faudra attendre dix ans pour publier un ouvrage, intitulé Code Lupin. En quelques années, le politologue devient le deuxième écrivain français en nombre de livres vendus, réalisant un objectif trop longtemps «autocensuré». Modeste, Bussi confesse n’avoir jamais pensé devenir célèbre, ni même écrivain. Face à ce succès fulgurant, il se consacre entièrement à l’écriture, multipliant les titres à succès comme Un avion sans elle, Nymphéas noirs ou encore Mourir sur Seine. Présent au FIG en tant que géographe puis écrivain, il se réjouit aujourd’hui d’en être le président.

La place de la géographie dans les œuvres de Bussi

Marqué par de nombreuses œuvres, dont Un long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot, Michel Bussi développe petit à petit une plume bien à lui. Romance, histoire, humour, enquête policière mais aussi géographie se mêlent dans ses ouvrages qu’il qualifie de «tout en un». Pour lui, il existe plusieurs géographies : celle chiffrée, étudiée par les spécialistes, celle climatique que l’opinion publique et les médias s’attribuent, mais aussi celle sociale, longtemps questionnée à travers ses œuvres. En osant écrire, le géographe a gagné en confort : il a désormais «le pouvoir de s’amuser de paradoxes géographiques», et se sert de ses personnages pour se moquer de la climatologie, une discipline qu‘il reconnaît complexe.

Quand le lectorat s’empare de la géographie

Si Bussi se réjouit de voir ses lecteurs apprendre de ses romans et revendique «une forme d’utilité sociale» de l’écrivain, il ne souhaite pour autant pas en faire des ouvrages militants. En effet, il désire avant tout parler au plus grand nombre. Ainsi, il écrit des livres concrets, sociaux, sans forcément chercher à provoquer une prise de conscience au sein de son lectorat.

A travers les œuvres de Michel Bussi, la géographie se révèle donc accessible à tous, multiple, et surtout moderne. Loin d’être élitiste, elle parle à tous et chacun d’entre nous peut se l’approprier au gré de ses envies, de ses besoins, de ses capacités.