Chili : des mots contre l'oubli


Les années 70 ne semblent pas si loin. Et pourtant, les images qu’elles renvoient du passé chilien évoqué lors d’une rencontre animée par Sonia Déchamps à l’hôtel de ville sont si effroyables qu’elles rappellent les horreurs hitlériennes.

Trois voix et un même écho de souffrance résonnent au fil des pages des livres écrits par Laure Des Accords, « Au bord du désert d’Atacama », Douna Loup, « Boris », et Maria Poblete, « La Dictature nous avait jetés là ».
Il y avait avant, puis il y eut le 11 septembre 1973, lorsque les militaires dirigés par le général Pinochet renversèrent par la force le gouvernement du président Salvador Allende, tué lors de l'assaut donné au palais présidentiel, la Moneda à Santiago.
À travers un fin portrait d’une femme résistante, Laure Des Accords transporte ses lecteurs dans un Chili torturé par ce qui devint une des plus terribles dictatures. Douna Loup se met en quête de son grand-oncle Boris, juif d’origine russe, porté disparu pendant ce régime totalitaire comme quelque 1759 hommes et femmes. Née en 1964 au Chili, Maria Poblete n’était qu’une toute petite fille lorsque, à la suite du coup d’État, elle a suivi sa famille vers l’exil.
«Il y a 50 ans, on ne parlait pas aux enfants comme aujourd’hui, on n’expliquait rien. Plus tard, ce fut un autre choc de découvrir, sans filtre, les pièces d’un puzzle dont on ignorait tout... » Comme pour exorciser les démons hurlants d’une autre vie, les trois jeunes femmes invitées du FIG posent des mots contre l’oubli imposé, et pour tenter de comprendre une partie de l’Histoire d’un pays, dont des souvenirs en clichés de cartes postales ont été souillés par des années d’extrême dureté. « On écrit avec ses tripes, pas avec sa tête » lâche Maria Poblete, qui évoque aussi le choc du retour au pays de son enfance. « Je pensais que tout serait comme avant, mais non. On ne sait plus où on est, ni qui on est, avec l’impression d’être dans une prison, dans LA prison. Je suis vite revenue en France, pays de liberté. »
Et d’une même volonté, Douna, Maria, Laure s'engagent : « On continue, on s’interroge... »

 

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