Les personnalités de la 34e édition


 

BRAUMAN Rony site

Président du FIG 2023 : Rony Brauman

Rony Brauman est médecin, co-fondateur et ancien président de Médecins sans Frontières (1982-1994). Il est Directeur de Recherche à la Fondation Médecins sans Frontières et professeur à l’IEP de Paris. Il s’est notamment opposé à l’intervention militaire française en Lybie. Son livre paru chez Textuel Humanitaire, le dilemme (1996, réed. 2002) est le premier titre de la collection « Conversations pour demain ». On lui doit également Diplomatie de l’ingérence (Elytis, 2016) et Manifeste pour les Palestiniens (Autrement, 2014).

 

 

 

 

 

 

 

Prix Amerigo Vespucci 2023


Le Prix Amerigo Vespucci récompense le ou les auteurs d'un roman ou d’un récit de voyage ou d'aventure, destiné à un public adulte. Son jury, composé de journalistes, d’écrivains, de libraires, de bibliothécaires... délibérera fin août. Le Prix, doté de 1500 euros, sera officiellement remis lors du Festival au Salon du Livre Amerigo Vespucci.



Lauréat 2023

la cecite des rivieres
Je me souviens de Falloujah

de Feurat Alani
aux éditions JC Lattès - 01/03/2023

Au début des années 1970, le jeune Rami décide de fuir la dictature de Saddam Hussein. Réfugié politique en France, c’est un homme taiseux et secret sur son passé. À la fin de sa vie, alors qu’il est hospitalisé, Rami est soudain atteint d’amnésie. Ses souvenirs semblent s’être arrêtés quelque part entre l’Irak et la France. « Je me souviens de Falloujah », dit-il pourtant à son fils, Euphrate, qui y voit l’occasion de découvrir enfin l’histoire de son père… Ensuite c’est le néant. Rami a oublié la seconde partie de sa vie : celle de l’exil. Euphrate va alors raconter à son tour ce qu’il en sait, avec l’espoir de percer certains secrets. Une quête qui le plongera dans les tumultes de sa propre odyssée familiale, de Paris à Falloujah. Un premier roman chavirant de la mémoire retrouvée, un livre inoubliable sur l’identité et la transmission dans lequel père et fils renouent le fil rompu d’un dialogue aussi boule versant que nécessaire.

En savoir plus
 
 


Les 11 ouvrages sélectionnés

les confluents
Une année sur la route

de Samuel Adrian
aux éditions des Equateurs - 18/05/2022

Deux jeunes gens d’aujourd’hui, deux amis qui rêvent de détachement et de béatitude. Ils ont une vingtaine d’années et ont déjà parcouru l’Europe à pied jusqu’à Israël. Mais il leur faut le monde. Ils décident alors de partir à sa découverte au volant d’une antique Peugeot 204, plus âgée qu’eux, chargée de bouteilles de vin et de livres à satiété. Une voiture pour le moins inadaptée aux pistes de la taïga qu’ils vont devoir affronter… Ils quittent la France par l’est, traversent l’Allemagne, la Serbie, la Roumanie, la Turquie, la Russie, le Japon, puis rallient les Etats-Unis où ils tombent sur un pays en plein confinement. Le voyage au grand air devient alors un périple de l’intériorité. Un périple de quinze mois, mais aussi une histoire d’amitié à bord d’un destrier qui menace de syncope et provoque d’immenses éclats de rire.

En savoir plus
 
la cecite des rivieres
Je me souviens de Falloujah

de Feurat Alani
aux éditions JC Lattès - 01/03/2023

Au début des années 1970, le jeune Rami décide de fuir la dictature de Saddam Hussein. Réfugié politique en France, c’est un homme taiseux et secret sur son passé. À la fin de sa vie, alors qu’il est hospitalisé, Rami est soudain atteint d’amnésie. Ses souvenirs semblent s’être arrêtés quelque part entre l’Irak et la France. « Je me souviens de Falloujah », dit-il pourtant à son fils, Euphrate, qui y voit l’occasion de découvrir enfin l’histoire de son père… Ensuite c’est le néant. Rami a oublié la seconde partie de sa vie : celle de l’exil. Euphrate va alors raconter à son tour ce qu’il en sait, avec l’espoir de percer certains secrets. Une quête qui le plongera dans les tumultes de sa propre odyssée familiale, de Paris à Falloujah. Un premier roman chavirant de la mémoire retrouvée, un livre inoubliable sur l’identité et la transmission dans lequel père et fils renouent le fil rompu d’un dialogue aussi boule versant que nécessaire.

En savoir plus
 
les vies autonomes
Les vies autonomes, une enquête poétique

de Clara Breteau
aux éditions Actes Sud - 14/09/2022

Des dortoirs pour plantes, une poule couveuse de livres, des “pierres-tissus” ou des pulls suspendus aux branches que l’on enfile pour disparaître dans la forêt… Comment les vies autonomes, au-delà d’être sobres, transforment-elles nos façons de faire signe et sens du monde ? Quelle matière poétique nouvelle se produit quand on réinscrit son quotidien dans le monde vivant pour construire soi-même sa maison, cultiver sa nourriture, fabriquer son énergie ? Alors que les appels à déserter le système se multiplient et que l’urgence de trouver d’autres manières d’habiter se fait toujours plus prégnante, Clara Breteau éclaire d’un jour nouveau les lieux autonomes et leurs pouvoirs poétiques capables, comme des plantes, de pousser à travers nos maisons et de les réanimer. Par son enquête hors norme, ce livre réussit alors à circonscrire l’un des points faibles majeurs du capitalisme colonial : ce lien organique et vernaculaire au territoire qui, refaisant de l’habitat un corps tissé de signes, contient la clef de nos émancipations poétiques et politiques.

En savoir plus
 
les mangeurs de nuit
Les Mangeurs de nuit

de Marie Charrel
aux éditions de L'Observatoire - 04/01/2023

Hannah est une Nisei, une fille d’immigrés japonais. Si son père l’a bercée de contes nippons, elle se sent avant tout canadienne ; alors pourquoi les autres enfants la traitent-ils de « sale jaune » ? Jack, lui, est un creekwalker, il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Le jour où l’ermite tombe nez à nez avec un ours blanc au cœur de la Colombie-Britannique, il croit rêver – la créature n’existe que dans les mythes anciens. Pourtant, la jeune femme inconsciente qu’il recueille semble prouver le contraire : marquée des griffes de la bête, Hannah développe d’étranges dons à son réveil. 

En savoir plus
 
le dernier des siens
Le dernier des siens

de Sibylle Grimbert
aux éditions Anne Carrière - 26/08/2022

1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins et sauve l’un d’eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau. Une relation bouleversante s’instaure entre l’homme et l’animal. La curiosité du chercheur et la méfiance du pingouin vont bientôt se muer en un attachement profond et réciproque. Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers le Danemark. Gus prend progressivement conscience qu’il est peut-être le témoin d’une chose inconcevable à l’époque : l’extinction d’une espèce. Alors qu’il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : qu’est-ce que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ? 

En savoir plus
 
roman fleuve
Roman fleuve

de Philibert Humm
aux éditions des Equateurs - 24/08/2022

Ce périple, les trois jeunes gens l’ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l’ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps. Il en résulte un roman d’aventure avec de l’action à l’intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l’œuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes. L’éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d’instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d’écran et pourries à la moelle.

En savoir plus
 
pour mourir le monde
Pour mourir, le monde

de Yan Lespoux
aux éditions Agullo - 24/08/2023

Quand les empires sombrent, quand les sociétés se délitent, des brèches se créent qui permettent de s'immiscer dans les interstices de l'Histoire. 1627, sur la route des Indes, dans la fureur d'une ville assiégée, dans le dédale des marais et des dunes battues par le vent, l'aventure est en marche et trois héros ordinaires verront leur destins réunis par une tempête dantesque... Il y a Marie sur la côte landaise. Pour échapper aux autorités qui la recherchent, elle s'est réfugiée dans une communauté de pilleurs d'épaves sous la coupe d'un homme brutal. La jeune fille à peine sortie de l'adolescence refuse pourtant de baisser la tête. Au Brésil, il y a Diogo, orphelin engagé dans la guérilla portugaise qui tente de reprendre Salvador de Bahia aux Hollandais. Et à Goa, il y a Fernando, engagé de force dans l'armée portugaise, qui met tout en oeuvre pour échapper à sa condition.

En savoir plus
 
boris 1985
Boris, 1985

de Douna Loup
aux éditions Zoé - 06/01/2023

Janvier 1985. Boris Weisfeiler, quarante-quatre ans, disparaît dans le Chili de Pinochet. Né en URSS au sein d'une famille juive, ce surdoué des chiffres s'était exilé aux États-Unis pour pouvoir exercer librement les mathématiques. Silhouette longiligne, large sourire, il s'évadait souvent marcher seul dans les contrées les plus sauvages possibles. 2019-2020. Douna Loup, petite-nièce de Boris, veut comprendre cette disparition irrésolue. De Boston à Moscou en passant par le Chili, elle mène l'enquête, rencontre des témoins, rassemble des pièces à conviction. En nous transportant dans le Chili des années 80, elle nous entraîne aussi au plus intime d'elle-même.

En savoir plus
 
bella italia
Bella Italia

de Christiane Rancé
aux éditions Tallandier - 09/02/2023

Depuis Toulouse, la plus italienne des villes de France, Christiane Rancé nous invite à filer vers Gênes, à flâner autour des grands lacs et à rêver sur la lagune vénitienne. Au cours de son voyage, nous redécouvrons la Toscane, le coeur de l’Ombrie, l’universalité de Rome, le feu de Naples et jusqu’aux sortilèges de la Sicile. Nous voilà à sonder l’âme italienne et avec elle ses paysages et ses hauts-lieux. À interroger les génies qui ont façonné cette terre bénie – les césars et les papes, Michel-Ange, Léonard, Raphaël, Dante, mais aussi Pasolini, Fellini ou Cristina Campo. Sous la plume alerte et enjouée de Christiane Rancé, on croise des saints et des héros, des musiciens et des princes, des stars de Cinecittà, comme des mammas et des mafieux. Riche en découvertes et en paradis secrets, ce voyage en Italie est une invitation à retrouver le goût du bonheur et de l’éternité.

En savoir plus
 
quand les montagnes dansent
Quand les montagnes dansent

d'Olivier Remaud
aux éditions Actes Sud - 01/02/2023

Six heures du matin. Il fait nuit. La montagne se réveille. J’entre dans une zone de crêtes et de parois où tout tient ensemble, les roches, les lichens, les chamois, les vivants et les morts, le passé et le présent. Certains lieux agissent comme des rêves. Leurs reliefs cachent un trésor d’histoires. Ils racontent les interdépendances des êtres et des éléments. Autour de moi, les roches attestent la présence d’un ancien océan, traces d’une vie profonde de la Terre. Les montagnes ne sont pas éternelles. Elles naissent, croissent, puis rapetissent et meurent. Comme tout être. Et si leurs histoires lentes et riches en personnages étaient aussi nos histoires ? Et si on écoutait ce que disent les pierres, les strates et les sédiments qui gardent le souvenir de l’eau ? N’aimerions-nous pas mieux les mondes sauvages ?

En savoir plus
 
le grand incendie
Le grand incendie  

d'Antonin Sabot
aux éditions Les Presses de la Cité - 12/01/2023

En Californie, Virginia, éleveuse de chevaux, rescapée du premier mégafeu à avoir rasé une ville entière, celle de Paradise, quinze ans plus tôt, est à la recherche de son père dans un État aujourd’hui ravagé. Au cœur de la Sibérie, Ianov, ancien soldat parti s’isoler dans une ferme que les flammes viennent de détruire, emmène sa jument blessée pour un dernier voyage, dans lequel le rejoignent des animaux sauvages. Au Kurdistan, Asna et Olan combattent la politique de la terre brûlée des terroristes et quand leur dernier champ de blé disparaît, ils finissent par fuir. Tous vont traverser la planète pour se retrouver là où leur destin les attend.

En savoir plus

 


 

Prix financé par le logo CME e1561450041724

 

 

Pays invité 2023 : le Chili


 

Le Chili et sa folle géographie ont fait couler beaucoup d’encre géographique que ce soit sur des objets ou des thèmes qui lui sont propres (autochtonie, Patagonie, mines de cuivre) que sur d’autres plus génériques mais qui y prennent un tour exacerbé (agriculture d’exportation, villes, incendie) et qui font du pays un miroir grossissant du monde. Il se tient pourtant à sa lointaine périphérie sud-américaine mais les images des événements (coup d'Etat du 11 septembre 1973, séisme de Valdivia en 1960, estallido social d'octobre 2019) et des processus qui s'y déroulent, sociaux, politiques, économiques sont aussi très documentés visuellement, musicalement et par l'écriture scientifique ou artistique. Nous désirons à l'occasion de la mise en lumière du Chili dans le cadre du FIG 2023 tenter de comprendre ce paradoxe de la fascination et de l'imagination générée par ces terres si lointaines.

 

 

 

Appel à communications 2023 : « Urgences »


Cette édition 2023 du Festival s’inscrit dans un contexte bien particulier d’un retour de la guerre aux frontières de l’Europe. Malgré de nombreux signaux, les spécialistes ont longtemps cru à l’impossibilité de cette guerre pourtant en gestation depuis plusieurs années. Mais ce contexte est aussi celui d’un été 2022 qui aura été qualifié de « point de bascule » pour les consciences de bon nombre de personnes quant à l’expérience du changement climatique, alors même que les événements météo-climatiques de 2022 sont conformes aux prévisions du 6e rapport du GIEC. Au moment où nous écrivons ces lignes, une énième plume de chaleur vient caresser l’Europe occidentale, faisant certainement de l’année 2022 la plus chaude - et la plus sèche - jamais enregistrée, préfigurant ainsi les étés à venir. Ce contexte est enfin celui d’une urgence sociale, largement médiatisée depuis 2018 par le mouvement des Gilets jaunes, que la crise énergétique qui s’annonce vient potentiellement réactiver.

Ces éléments de contexte doivent fonctionner comme un rappel, celui de l’impérieuse nécessité de rendre ces urgences intelligibles, depuis la géographie. C’est l’intention de cette édition 2023, qui propose de rassembler une pluralité de champs de la géographie pour penser ces « urgences ».

 

L’appel à communications scientifiques est ouvert jusqu’au 15 janvier 2023 inclus.
Les propositions doivent être adressées via le formulaire en ligne, avec un texte de présentation de 4000 à 8000 signes, qui pourra être complété par des références bibliographiques.

 

Qu’est-ce que la géographie a à dire sur l’urgence ?

 

  1. Vulnérabilités

    Comment certains territoires sont-ils, plus que d’autres, concernés par des formes d’urgences, qu’elles soient sociales, écologiques, sanitaires, démocratiques ou militaires. Une géographie des urgences devrait d’abord élaborer une analyse des vulnérabilités que la multiplication des aléas rend saillantes. La vulnérabilité sociale peut être énergétique et sanitaire, ou naître encore de l’exposition aux risques naturels ou industriels. À titre d’exemple, la crise de la Covid-19 a montré combien les populations les plus pauvres étaient les plus sujettes à pâtir du virus. Il s’agira donc dans un premier temps de proposer un état des lieux des vulnérabilités et de leurs causes profondes, en s’attachant à leur dimension spatiale : l’exposition au risque est le résultat combiné de vulnérabilités, d’exposition à l’aléa et de maladaptation qu’il s’agira de penser ensemble et à plusieurs échelles, du local au global.

    Penser les formes de vulnérabilité, c’est aussi s’attacher à celles des organismes de prévention et de réduction des risques, et au premier chef celles de l’État. En quoi peut-on dire que l’État a failli lorsqu’il n’a pas su parer aux urgences ? Dans quelle mesure l’État est-il lui-même vulnérable ? Peut-on dire qu’il a été affaibli dans sa capacité à prévoir et gérer les urgences ?

    L’objectif de ce premier axe est double : il doit d’une part amener à une meilleure compréhension géographique des vulnérabilités, dans une optique descriptive, mais surtout aborder les processus de « mise en vulnérabilité », par une analyse de leur production.
  2. Anticipation et préparation

    La notion d’urgence n’est a priori pas évidente pour la géographie. Mais celle de « crise », plus habituelle dans le vocabulaire géographique, apparaît plus restrictive. Alors que la crise désigne une sortie du fonctionnement normal pour entrer dans un mode « dégradé », l’urgence comprend aussi une forme d’injonction à agir en amont des basculements.

    Ainsi, parler d’urgence plutôt que de crise permet d’analyser ce qu’une telle situation invite à anticiper, à préparer et à parer. Se focaliser sur l’urgence, c’est donc d’abord se positionner dans les constructions politiques et territoriales spécifiques qui cherchent à agir avant la crise, dans son anticipation si ce n’est sa prévention. À ce titre, on proposera ici d’analyser comment individus, groupes et organisations notamment politiques anticipent l’urgence, en s’attachant par exemple à la production de plans de prévention.

    Le pluriel
    - urgences - vise spécifiquement à interroger le contexte contemporain : comment anticiper et se préparer à une multitude d’urgences ? Il ne s’agit pas d’en faire un catalogue pour indiquer une différence de degré, mais bien de souligner la différence de nature en jeu dans ce qui vient, et qui est parfois appréhendé à travers la notion d’anthropocène. La conjugaison du régime climatique contemporain, du retour de la guerre de « haute intensité » et des formes de précarité multiples pourrait bien représenter un changement majeur à venir. Penser les urgences, c’est donc d’abord s’interroger sur notre capacité à prévoir et à imaginer celles qui viennent.
  3. Absorption, adaptation, mobilisation

    Une géographie des urgences s’attachera ensuite aux capacités d’adaptation, à plusieurs échelles, à commencer par l’échelle de l’individu, voire du sujet. Dans l’urgence, les individus sont soumis à des contraintes et des tensions telles qu’ils en perdent bien souvent la capacité de rendre intelligible ce qui arrive. On comprend alors l’importance qu’il peut y avoir à s’intéresser à ces moments d’urgence, souvent ponctuels, qui impliquent des reconfigurations du rapport individuel au temps et, bien entendu, à l’espace. Ces reconfigurations ont aussi cours dès lors qu’on s’intéresse à l’échelle supra-individuelle : par quels moyens et avec quelles ressources un groupe, une communauté politique absorbent-t-ils l’urgence pour modifier leur propriétés et mieux encaisser le choc ? La question des dispositifs politiques de la gestion de l’urgence est ici au coeur du sujet, l’exemple de la succession des états d’urgence, y compris sanitaire, depuis les attentats de 2015, ouvrant la voie à un régime juridique d’exception, étant le plus parlant.

    On s’attachera par ailleurs à la dimension spatiale et temporelle des transitions : à quelle vitesse nos infrastructures, nos réseaux et plus généralement nos territoires sont-ils capables de s’adapter à l’urgence ? Les transitions à l’oeuvre aujourd’hui sont-elles adaptées au caractère urgent des changements globaux que nous traversons ? La question sous-jacente est ici celle de la territorialisation de l’urgence, ou comment l’urgence produit des territoires nouveaux, souvent labiles et flexibles, et pour quelle pérennité ?

    Enfin, passé le choc, dans ces moments d’urgence réside aussi un potentiel de mobilisation, de résistance, de subversion et de réinvention. Il s’agira ici de s’attacher aux possibles qu’ouvrent ces périodes de crise, soit parce qu’elles pointent le caractère invivable et inacceptable du monde tel qu’il est, soit parce qu’elles permettent de faire émerger des fenêtres d’opportunités pour imaginer des « mondes d’après ».
  4. Un axe transversal : la spatialité des acteurs de la gestion de l’urgence

    De la même manière que certains travaux d’anthropologie se sont concentrés sur le « monde des catastrophes », il s’agira ici de mettre en discussion la pluralité des acteurs de la gestion des urgences : sanitaires bien entendu, mais aussi militaires, humanitaires, environnementaux, médico-sociaux, parmi d’autres. Ces secteurs professionnels sont au coeur des dispositifs dits de « gestion de crise ». Ils agissent à plusieurs échelles, depuis les personnels mobilisés sur des évènements ponctuels et localisés, jusqu’à des déploiements militaires ou humanitaires sur des théâtres d’opérations importants, pour plusieurs années. Cet axe invite à réinterroger l’ensemble des 3 axes précédents à l’aune de cette grille de lecture : qui gère les urgences ? Quelle est la spatialité propre de ces acteurs ? Dans quel dispositif institutionnel et selon quelles temporalités agissent-ils ?

 

Des propositions diverses, pour un public varié


Le Festival n’est pas un événement scientifique ordinaire. Plus de 150 événements seront organisés sur trois jours dans tout Saint-Dié-des-Vosges et dans certaines communes voisines, sous différents formats. Ils se répartissent en trois grandes catégories :
- tables rondes, conférences plénières, cafés géo, présentations de thèse, etc. ;
- ateliers ;
- sorties de terrain à Saint-Dié-des-Vosges ou aux alentours.

Le public du Festival est composé à la fois de chercheur·ses confirmé·es et d’autres encore en herbe, d’étudiant·es et d’élèves de tous niveaux, d’habitant·es de la région et de passionné·es venu·es de loin, ou encore d’enseignant·es du secondaire en recherche d’outils et de contenus pédagogiques.

Cette diversité du public favorise une grande variété de formats de communications : les interventions portant sur des recherches récentes seront acceptées au même titre que des présentations abordant une question de manière plus transversale, par exemple en présentant le parcours scientifique d’un·e chercheur·se. Des propositions d’ateliers sont également bienvenues, soit spécifiquement à destination des enseignant·es pour permettre l’expérimentation de pratiques pédagogiques, soit à destination d’un public plus large : observation de photos ou de documents, productions graphiques ou cartographiques, visites de terrain, observations in situ, écoutes collectives, débats mouvants, arpentages de textes, toutes les possibilités sont à explorer.

 

Florian Opillard,
directeur scientifique du FIG 2023,
avec l’équipe d’appui à la programmation scientifique :
Lise Desvallées, Virginie Duvat Magnan, Michel Lussault, Etienne Walker

Victoria Kapps,
directrice du FIG

Thibaut Sardier,
président de l’ADFIG

 

 

 

Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants (CPGE et Licence) 2023


Créé en 2020, le Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants récompense un ouvrage de Géographie à destination des lycéens et étudiants (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles et Licence). Ce sont eux, élèves et étudiants, encadrés par un enseignant, qui votent chaque année pour leur livre préféré parmi les ouvrages sélectionnés. Le Prix, doté de 300 euros, est remis chaque automne lors du Festival International de Géographie.



Lauréat 2023 : « Monde enchanté » de Raphaël Pieroni et Jean-François Staszak aux éditions Georg Éditeur

monde enchante
Le monde est enchanté par certaines chansons. Amsterdam, penny Lane, Les lacs du Connemara, Göttingen sont désormais Inséparables des mélodies de J. Brel, des Beatles, de M. Sardou et Barbara. Madonna nous emmène à La Isla Bonita ; avec Orelean, Dana (s)a ville, on traine. Voyage, voyage. Cet album invite à visiter les Imaginaires géographiques véhiculés par trente-six chansons, pour la plupart très connues.

Toutes associent des lieux à des rêves, des cauchemars, des émotions, et des valeurs. il faut les prendre au sérieux : parce que les chansons nous affectent, modifient nos expériences et même les lieux que nous fréquentons. Ecouter les chansons géographiques, c'est peut-être regarder les cartes d'une autre oreille ?

La remise du Prix aura lieu durant le FIG, les 29, 30 septembre et 1er octobre 2023 à Saint-Dié-des-Vosges.

RENCONTRE avec les lauréats
Mardi 13 juin à 19 h à la Société de Géographie - Paris
Entrée libre
 

 

Les 5 ouvrages sélectionnés

atlas des forets dans le monde
Atlas des forêts dans le monde

de Joël Boulier et Laurent Simon
aux éditions Autrement, 2022

Espace de nature, la forêt revêt en réalité de multiples visages. Les forêts sont des territoires depuis longtemps utilisés et transformés : réserves de ressources, elles sont soumises à de multiples contraintes. Pour comprendre ce milieu complexe, il est indispensable de : définir les forêts : forme, diversité, utilisation et usage ; déterminer les ressources disponibles en bois pour le chauffage, la construction, l’industrie ; préserver et gérer durablement les services rendus par les forêts (nourriture, loisirs…) grâce à des certifications, voire des foresteries alternatives ; spécifier les menaces : agriculture intensive, pollution, incendies, réchauffement climatique ou urbanisation incontrôlée et délimiter les zones de conflits : zones stratégiques, les forêts deviennent des lieux de contrebande ou de refuge.
Cet atlas, avec ses plus de 100 cartes, infographies et documents, raconte la diversité des forêts mondiales et éclaire les enjeux de leur sauvegarde pour éviter la perte de biodiversité et permettre une gestion forestière plus durable.
 
pourquoi ne faisons nous rien pendant
Pourquoi nous ne faisons rien pendant que la maison brûle ?

de Lydia et Claude Bourguignon
aux éditions d’en bas, 2022

Tous les indicateurs environnementaux sont au rouge et clignotent violemment, de même que les indicateurs sociaux, économiques et politiques. Mais rien ne bouge, rien ne change. Notre civilisation s’effondre alors qu’elle semble au faîte de sa gloire puisqu’elle est mondiale. C’est en cela que sa chute est passionnante, elle nous concerne tous et ce ne sont pas seulement, nous les hommes, qui sommes directement concernés par cette chute, mais aussi tous les êtres vivants, les plantes, les animaux et même certains microbes.
Nous allons tenter d’apporter des réponses à ce phénomène.
 
monde enchante
Monde enchanté

de Raphaël Pieroni et Jean-François Staszak
aux éditions Georg Éditeur, 2021

Le monde est enchanté par certaines chansons. Amsterdam, penny Lane, Les lacs du Connemara, Göttingen sont désormais Inséparables des mélodies de J. Brel, des Beatles, de M. Sardou et Barbara. Madonna nous emmène à La Isla Bonita ; avec Orelean, Dana (s)a ville, on traine. Voyage, voyage. Cet album invite à visiter les Imaginaires géographiques véhiculés par trente-six chansons, pour la plupart très connues.
Toutes associent des lieux à des rêves, des cauchemars, des émotions, et des valeurs. il faut les prendre au sérieux : parce que les chansons nous affectent, modifient nos expériences et même les lieux que nous fréquentons. Ecouter les chansons géographiques, c'est peut-être regarder les cartes d'une autre oreille ?
 
plus vite que le coeur d un mortel
Plus vite que le cœur d’un mortel. Désurbanisation et résistances dans l’Amérique abandonnée

de Max Rousseau et Vincent Béal
aux éditions Grevis, 2021

Ségréguée, paupérisée et vidée, Cleveland est passée du statut de métropole florissante à celui de cauchemar urbain. Massivement démolis, ses quartiers noirs sont progressivement rendus à la nature. Les conservateurs y extraient les dernières richesses tandis que racisme et austérité avancent masqués derrière des algorithmes. De ce paysage dystopique, une vision alternative émerge pourtant : celle d'un futur agricole et coopératif. Dix ans après le crash déclenché par l'effondrement des subprimes, ce livre offre une plongée dans l'épicentre de la dernière crise globale. En donnant la parole à celles et ceux qui sont confrontés au déclin extrême, il cherche à éclairer l'Amérique urbaine abandonnée.

 

russie le retour de la puissance
Russie. Le retour de la puissance

de David Teurtrie
aux éditions Armand Colin, 2021

De la crise ukrainienne à la guerre en Syrie, de l’ingérence supposée dans les élections américaines au vaccin Spoutnik-V, la Russie est revenue depuis quelques années sur le devant de la scène internationale dans un contexte de refroidissement sans précédent des relations russo-occidentales.
Quels sont les ressorts de cette résurgence de la Russie au coeur de la géopolitique mondiale ? Quelle est la stratégie du Kremlin pour consolider les fondements de la puissance russe ? Comment interpréter la réactivation de l’opposition avec l’Occident sur fond de partenariat anti-hégémonique avec une Chine en plein essor ? Et surtout, la Russie a-t-elle encore les moyens économiques et humains de ses ambitions ?
Cet ouvrage propose une analyse fine des fondements de la puissance russe contemporaine afin d’évaluer la durabilité et l’ampleur du retour de Moscou sur la scène internationale. 30 ans après l’effondrement de l’URSS, comprendre où en est la Russie aujourd’hui permet également de mieux appréhender les transformations profondes qui affectent l’architecture des relations internationales contemporaines.

 

 


Prix financé par le logo CME e1561450041724

 

 

Direction scientifique 2023


Chaque édition du Festival est menée par un directeur scientifique qui définit et met en œuvre la programmation scientifique et en garantit son sérieux. Il est choisi stratégiquement pour sa connaissance, son travail de recherche et son approche du thème. Pour cette année axée autour des « urgences », c'est Florian Opillard, géographe et chercheur à l'IRSEM qui prend la tête de la programmation scientifique. 

julien brachet

.


Le Dr Florian Opillard est géographe, chercheur à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire) au sein du domaine « Défense et société » et chercheur associé au Centre de Recherches et de Documentations sur les Amériques.

Agrégé de géographie et docteur de l’Ecole des Hautes-Etudes en Sciences Sociales (2018), il a été doctorant invité à l’Université de Berkeley (Etats-Unis). Ses recherches de thèse interrogeaient la dimension spatiale des conflits urbains et l’économie politique de la production urbaine contemporaine, ainsi que les processus de politisation du quotidien. Dans le cadre de ses recherches doctorales, il a réalisé une enquête comparative de plusieurs mois aux Etats-Unis (San Francisco) et au Chili (Valparaiso) auprès d’organisations prenant part aux luttes contre les processus de gentrification.

Depuis 2019, ses recherches s’attachent à étudier les transformations institutionnelles et opérationnelles des armées dans leur gestion des crises sur le territoire national. Il était à ce titre coordinateur scientifique entre 2020 et 2022 du projet ANR "ARMY" qui analysait les mobilisations militaires dans la crise sanitaire de la crise de la COVID-19 en Europe et aux États-Unis.

Il étudie par ailleurs les effets du changement climatique sur les armées, et notamment l’adaptation des dispositifs de gestion des crises climatiques, qui ont déjà été mis à l'épreuve par des multiples catastrophes ayant touché le territoire national. Ses recherches permettent d’observer les coopérations civilo-militaires en jeu dans l’organisation de la réponse à l’évènement météorologique violent et l’ajustement des représentations des crises dites « hors cadre » pour officiers français.

 

L'équipe d'appui à la programmation scientifique

etienne walker


Étienne Walker est géographe, maître de conférences rattaché au laboratoire Espaces et Sociétés à Caen. Sa recherche doctorale a porté sur les conflits d’appropriation dans la ville post-fordiste à partir du cas des sorties récréatives nocturnes de fin de semaine à Caen et Rennes, depuis l’activité et la normalisation commerçante jusqu’au gouvernement municipal et étatique, en passant par les mobilisations individuelles et collectives des habitants exposés notamment au bruit de la fête.

Après s’être attaché à saisir qui étaient les Gilets jaunes mobilisés notamment en Normandie fin 2018, il s’intéresse actuellement à la dimension spatiale de ce mouvement social dans le cadre d’un projet ANR, l’espace constituant un de ses cadres, enjeux et moyens. Au travers de méthodes géostatistiques notamment, il analyse d’une part et à l’échelle métropolitaine la géographie des lieux appropriés par les participants et celle de leurs lieux de vie, pour saisir ce qu’elles doivent à la division sociale de l’espace et dans quelle mesure elles attestent d’une nouvelle séquence protestataire. De l’autre et grâce à des entretiens biographiques, il contribue à l’analyse localisée du politique en rapportant les trajectoires d’engagement de quelques Gilets jaunes ornais aux configurations dans lesquelles elles se déploient, opérant à différentes échelles mais aussi dans plusieurs champs.

virginie duvat


Virginie Duvat est professeure de Géographie Côtière à La Rochelle Université et chercheure à l’UMR LIENSs (CNRS-La Rochelle Université). Elle a contribué aux chapitres « Petites îles » des 5ème (2014) et 6ème (2022) rapports d’évaluation du GIEC et à son rapport spécial sur l’océan et la cryosphère (2019). Ses recherches portent sur les risques et l’adaptation au changement climatique en milieu côtier dans les petites îles tropicales. À partir de travaux interdisciplinaires sur les deux grands risques que sont l’érosion côtière et la submersion marine, elle aborde différentes facettes du risque climatique : l’évolution des systèmes côtiers et des îles basses, les trajectoires d’exposition et de vulnérabilité de long terme des territoires, les chaînes d’impacts des événements extrêmes, les trajectoires de réponse et d’adaptation. Ses projets de recherche actuels se concentrent plus particulièrement sur les événements combinés, dont la fréquence et l’occurrence augmentent et qui déclenchent des crises systémiques durables dans petites îles, et les solutions et trajectoires d’adaptation. Sur ce sujet, elle s’emploie à évaluer le potentiel de l’adaptation fondée sur les écosystèmes et de la relocalisation. Cette dernière solution interroge l’urgence climatique en considérant un risque majeur, celui que certaines îles et zones basses côtières deviennent définitivement inhabitables au cours de ce siècle. Elle coordonne actuellement plusieurs projets de recherche, dont le PPR Océan et Climat FUTURISKS (2022-2028, 17 partenaires), qui porte sur Les risques côtiers passés à futurs dans les territoires d’Outre-Mer insulaires tropicaux français : des impacts aux solutions. Elle est membre du Conseil Scientifique du Conservatoire du Littoral et membre du conseil consultatif international de la revue WIREs Climate Change et membre du comité éditorial de la revue Coastal Futures.

lise desvallees


Lise Desvallées est géographe, rattachée au laboratoire TREE (Transitions énergétiques et environnementales) à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, où elle est titulaire d'une chaire junior E2S/UPPA. Agrégée de Géographie et docteure de l'École des Ponts et de l'Université Gustave Eiffel (2019), ses recherches portent sur les trajectoires de transition vers des sociétés décarbonées, en prenant pour focale leur prise en compte des inégalités sociales. Sa thèse interrogeait les dimensions spatiales de la précarité énergétique en Espagne et au Portugal, ainsi que la construction d'un nouveau problème public autour de l'accès à l'énergie domestique. Depuis 2020, dans le cadre de la Chaire Junior Dynamiques des Vulnérabilités Énergétiques (DYEV), ses travaux portent sur les vulnérabilités énergétiques des ménages français, en abordant de front les dépenses énergétiques liées au logement et à la mobilité. En effet, l’interdépendance de ces deux domaines s’affirme comme une nouvelle avenue de recherche en France et dans la littérature internationale, qui montrent que les vulnérabilités liées aux transports et aux logements sont cumulatives et doivent être traitées de front, à la fois par la science et par les dispositifs d’action publique. Elle étudie par ailleurs les trajectoires de politisation des comportements de consommation d'énergie domestique aux échelles nationale et locale, et notamment la place des concepts d'efficacité et de sobriété énergétique dans les politiques publiques, dans la sphère médiatique, et dans les choix et les contraintes de consommation des ménages.

michel lussault


Michel Lussault est géographe, professeur à l’Université de Lyon (Ecole Normale Supérieure de Lyon), membre du laboratoire de recherche Environnement, villes, sociétés (UMR 5600 CNRS/Université de Lyon) et du Labex IMU (Laboratoire d’excellence Intelligence des mondes urbains) de l’Université de Lyon. Dans son travail, il analyse les modalités de l’habitation humaine des espaces terrestres, à toutes les échelles et en se fondant sur l’idée que l’urbain mondialisé anthropocène constitue le nouvel habitat de référence pour chacun et pour tous. Afin de pouvoir amplifier de telles recherches qui exigent une véritable interdisciplinarité, il a crée en 2017 l’Ecole urbaine de l’université de Lyon, qu’il dirige désormais. L’objectif visé par l’École Urbaine (qui est un institut de convergences reconnu et financé par le secrétariat général aux investissements d’avenir) ne se limite pas au seul champ scientifique et pédagogique, puisqu’il s’agit aussi d’accompagner les mutations sociales, écologiques et économiques que connaissent déjà et connaîtront de plus en plus les sociétés et les territoires à l'échelle planétaire. Expert reconnu du champ des études urbaines et urbanistiques, il est l’auteur depuis 1990 de plus de 110 articles scientifiques et de nombreux ouvrages. Il est également très impliqué dans des activités de mise en débat public des savoirs et de médiation scientifique.

Crédit photo Lussault : G.Garitan, CC BY-SA 4.0

cecile falies


Cécile Faliès est agrégée et maître de conférences en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne rattachée à l’UMR PRODIG. Dans son master en 2005 elle s’est intéressée aux changements d’usages des sols entre Santiago du Chili et Valparaíso causés par la mise en place de l’agriculture d’exportation (avocats, vin, agrumes). Dans sa thèse soutenue en 2013 elle a analysé les rapports mutuels de production entre les espaces ouverts et la double métropole. Devant les fortes pressions urbaines que connaît la région centrale du Chili depuis les années 1970, et dans un contexte néolibéral de faible bien que cruciale régulation politique du marché, la permanence de nombreux espaces peu bâtis et aux usages faiblement intensifs à une vingtaine de kilomètres seulement des centres des deux principales agglomérations de ce pays émergent pouvait en effet paraître paradoxale. C’est que le processus de métropolisation a besoin des ressources en terre, en eau, en végétation que concentrent les espaces ouverts pour s’alimenter et à l’inverse les espaces ouverts ont besoin de la métropole pour exister à travers ses infrastructures, ses acteurs, ses lois. Dans une démarche de géographie sociale et politique et en se fondant sur un travail de terrain approfondi elle a montré à quel point les espaces agricoles et naturels sont stratégiques. A ces périphéries métropolitaines, les enjeux de pouvoir se marquent tout autant en termes d’accès à une alimentation de bonne qualité pour les urbains que de préservation d’espaces boisés marqués par de grands incendies (Valparaíso 2014, Concepción 2017 et 2023). Depuis l’estallido social de 2019, elle co-dirige COINCIDE un programme de recherche interdisciplinaire (géographie, droit, sociologie) afin d’analyser comment ces enjeux environnementaux et territoriaux sont intégrés au processus constituant en cours au Chili.

emma andrieux


Emma Andrieux est géographe, doctorante rattachée au laboratoire Prodig et à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Dans sa thèse, sous la direction de Pierre Gautreau et Cécile Faliès, elle interroge le nouveau phénomène des « mégafeux » depuis le Chili, à travers une approche de géographie critique et politique. Elle cherche à comprendre les évolutions du territoire qui ont conduit à l’apparition de ces incendies incontrôlables et dévastateurs (sécheresse, monocultures sylvicoles, étalement urbain informel, etc.), ainsi que la façon dont les différents acteurs chiliens se saisissent de cette nouvelle réalité. Elle a aussi participé au programme de recherche COINCIDE, coordonné par Cécile Faliès et Xavier Phillippe, visant à analyser la place des thématiques environnementales et territoriales au sein du processus de rédaction de la nouvelle constitution chilienne de 2022.

 

 

 

 

 

 

 

Thème 2023 : « Urgences »


Comment la géographie peut-elle aborder la thématique des « Urgences », et d’abord qu’est-ce que l’urgence ?

L’idée de cette thématique, c’est d’analyser les manières par lesquelles l’urgence refait surface dans nos vies. On pense évidemment à la guerre en Ukraine qui, depuis le 24 février 2022, a violemment fait réapparaître le spectre de la guerre en Europe. On pense aussi, évidemment, à l’urgence écologique et climatique et cet été nous a largement rappelé cette urgence, du fait de la canicule, de la sécheresse ou des catastrophes naturelles qui se sont multipliées. Tous ces événements ont pour conséquence de rendre omniprésente une sorte d’état d’urgence permanent, soit qu’il faille se protéger contre un ou des agresseurs, soit qu’il faille se défaire de manières de vivre pour ne pas mettre en péril les générations futures.

Florian Opillard, directeur scientifique 2023

 

Mais qu’est-ce que la géographie a à dire sur l’urgence ?

Dans l’urgence on est individuellement soumis et soumises à des contraintes et des tensions telles qu’on en perd bien souvent la capacité de faire sens de ce qui arrive. On comprend alors l’importance qu’il peut y avoir à s’intéresser à ces moments d’urgence, souvent ponctuels, qui impliquent des reconfigurations de notre rapport individuel au temps et, bien entendu, à l’espace. Nous pensons ici aux confinements COVID, à la reconfiguration forcée des mobilités ou l’impossibilité de se toucher entre proches.

Mais l’urgence n’est bien entendu pas qu’individuelle, elle est aussi, et je dirais pour ma part principalement, un fait politique. On pense là immédiatement à des termes juridiques qui ont récemment utilisé le terme pour exercer de la contrainte (dispositif d’état d’urgence), ou aux liens qui peuvent être faits avec la succession vertigineuse des catastrophes naturelles ces dernières années, et la mobilisation quasi permanente du monde de la gestion de crise ou de monde de l’urgence climatique, pompiers, sécurité civile, armée, ONG notamment. Il s’agira donc d’interroger comment l’urgence transforme les manières de gouverner : en amont de l’urgence, par la création de politiques d’anticipation et de prospective ; en aval, par la réponse étatique en temps de crise, visant à réinsérer du lien dans les systèmes territoriaux. Elle se manifeste enfin par la difficulté à planifier et à se projeter sur du long terme.

 

Les quatre axes de réflexion

1. A quelle vitesse nos territoires, nos infrastructures, nos réseaux sont-ils capables de s’adapter à l’urgence ?
2. Comment l’urgence produit-elle des territoires nouveaux, souvent labiles et flexibles, voire même parfois fluides, et quelle est leur pérennité ?
3. Comment certains territoires sont-ils, plus que d’autres, concernés par des formes d’urgence, qu’elle soit sociale, écologique, guerrière ou sanitaire ?
4. Quelles sont les spatialités des acteurs de la gestion de l’urgence (militaires, humanitaires, personnels du soin, naturalistes par exemple) ?